Le jeu et la ville
Comme nous le rappelle Léon Jaussely, l’urbanisme n’a pas toujours été une question de bien-être : “ Il semble que ce soit un lieu commun de dire aujourd’hui que les buts de l’urbanisme sont de favoriser le développement économique de la cité et de répandre le bien-être social parce que toute la technique moderne de l’urbanisme en découle. Mais il n’en a pas toujours été ainsi; […] nous voyons, par exemple, près de nous, l’urbanisme de la Renaissance, puis celui du XVIIIè siècle, tout entier pris par la belle ordonnance architecturale des rues et des places, mais aussi peu préoccupés que possible des questions de production et de bien-être.”
On était alors bien loin de considérer que l’environnement urbain puisse être ludique ou tout simplement agréable à utiliser. Même si les approches de l’aménagement de l’espace public ont évolué, le jeu ne semble pas être une notion qui lui soit associée.
Comptant sur le potentiel enchanteur du jeu, ce Co-lab a pour but d’explorer le rapprochement de ces deux notions: ville et jeu. Qu’est-ce que le jeu pourrait apporter à la ville, à l’espace public, aux communs urbains ?
La ville au quotidien, une familière étrangeté
Partant du constat que la ville est autant un environnement fonctionnel, banal, dont le but est de faciliter le quotidien, qu’une machine complexe et incompréhensible, le jeu en ville pourrait avoir deux intérêts : “ le dépaysement du banal et la traque de l’insolite”
Le jeu comme agent de dialogue
Le jeu a certaines caractéristiques intrinsèques qui permettent d’atteindre ces objectifs. C’est une activité qui n’a pas pour ambition de porter un message, mais de créer un moment de décalage avec la réalité.
Le jeu comme outil d’expression et d’appropriation
Une autre caractéristique du jeu est de supposer des participants “actifs”. Pour exister, le jeu a besoin de joueurs qui ne peuvent se contenter de l’inaction, ou de la contemplation, à la différence des spectateurs d’une pièce de théâtre par exemple. Si infime soit-elle, la participation est nécessaire.
C’est un médium qui permet l’expression, et qui peut donc être un biais d’appropriation.